« La psychomotricité doit-elle se vouer aux cultes funéraires ? » Telle était l’une des questions posées par Jacques Corraze au terme d’un article intitulé « La rigueur, hélas ! » (Corraze, J. (1992). La rigueur, hélas ! Évolutions Psychomotrices, 16, 11-15. p. 15). Celui qui, à l’époque, était Directeur de l’Enseignement de Psychomotricité à la Faculté de Médecine Toulouse-Rangueil, pointait, entre autres, les dangers du réductionnisme au sein d’une discipline encore jeune. Plusieurs décennies plus tard, il semblerait que la tendance soit encore à l’entretien révérencieux d’un corpus théorique moribond et de pratiques d’un autre âge.

D’aucuns paraissent rechigner à donner une définition claire de la psychomotricité et de ses vues, confondant, sciemment ou non, "complexité" et "inintelligibilité". Le psychomotricien n’est ni un "décrypteur" de supposées "angoisses archaïques" visibles (lisibles ?) dans le mouvement du patient, ni un gesticulateur susceptible de libérer "corporellement" ledit patient de problématiques "refoulées"… autant d’extravagances que l’on trouve encore dans les écrits de beaucoup de psychomotriciens... et constituant le fil conducteur d’accompagnements "réels", quelles que soient les difficultés du patient…

Loin de ces thérapies "singulières", le psychomotricien demeure, qu’on le veuille ou non, un professionnel de santé, spécialiste du développement psychomoteur et des troubles psychomoteurs. Il est « le thérapeute de l’action, s’intéressant à l’ensemble des facteurs susceptibles d’en entraver le déroulement harmonieux » (Albaret, J.-M. (2009). Dans Corraze, J., La psychomotricité : un itinéraire. (pp. 9-12).Solal. p.10). La rééducation psychomotrice vise l’amélioration des « fonctions sensorielles, motrices, cognitives et/ou psychosociales de personnes présentant des difficultés d'adaptation ou des troubles » (Tallet, J. (2018). Apport des recherches sur la neuroplasticité cérébrale pour comprendre les effets de la rééducation psychomotrice : évidences et réflexions. A.N.A.E., 153, 177-188. p. 177).

Une psychomotricité pragmatique, exigeante, conjuguant rigueur scientifique et modalités d’action pertinentes, existe, bel et bien… une authentique "neuropsychologie du mouvement". Persister à s’abstraire de cette démarche, entretenir aveuglément pléthore d’élucubrations pseudo-littéraires érigées en paradigmes thérapeutiques, faire fi de la moindre remise en question… autant de tares qui entament, depuis bien trop longtemps déjà, la crédibilité de toute une profession.

C’est la teneur de ces quelques paragraphes qui animera ce site Internet.

Que pourra y trouver l’internaute, psychomotricien.ne ou non ?

  • une base de données dédiée, dans un premier temps, au développement psychomoteur, à la rééducation psychomotrice et aux troubles psychomoteurs. Le but est de renvoyer l’internaute vers un très grand nombre de documents constituant le ciment d’une psychomotricité basée sur les preuves. D’autres thématiques liées, de près ou de loin, à la psychomotricité, étofferont ces références initiales (psychologie du développement, psychiatrie, épistémologie… entre autres).

  • un témoignage sans aucune concession relatant mes trois années de formation afin de mettre en lumière ce qui fut et demeure une aberration pédagogique.

  •  un « pot-pourri » de ce que la psychomotricité produit de pire. Pointer les dérives de la psychomotricité et leurs sectateurs, tel est l’objectif de cette rubrique. Nul doute qu’elle saura m’attirer une vague d’animosité. Peu me chaut.

Puisse le lecteur curieux dépasser l’âpreté de certaines saillies pour s’arrêter un instant sur le bien-fondé d’une profession gangrénée par une idéologie abjecte et une tenace « primarisation de la pensée » (j’emprunte l’expression à Jacques Corraze (J. Corraze. (2001). La psychanalyse comme possession spirituelle. Dans Bénesteau. J. & Corraze. J. Freud et la psychanalyse. Conférences données à Roquefavour. Récupéré ici).